lundi 14 août 2017

"Purity" - Jonathan Franzen

Purity est une jeune fille qui souffre d'une mère trop présente, trop intense, et d'un père totalement absent, inconnu. Après avoir vécu recluse dans un chalet dans les montagnes toute sa jeunesse, elle loge aujourd'hui dans un squat et travaille pour rembourser un prêt étudiant énorme. Aucune passion, peu de motivation, la vie de Purity, aussi nommée Pip, est plutôt d'un ennui terrifiant, et son rapport avec les autres n'est pas très bon : les filles l'évitent et les garçons finissent tous par la ramener au gouffre paternel. Jusqu'au jour où elle se voit proposer un stage au Sunlight Project, dirigé par Andreas Wolf (la relève d'Assange et de Snowden). Un homme qui pourrait être son père, mais qui s'avère bien loin d'être... pur.

Le fil rouge de l'histoire avait semblé prometteur, me rappelant un petit peu l'étrangeté de Stone Junction (c'était mettre la barre plutôt haut), mais il s'avère que le roman s'éparpille en longueurs autour des personnes tournant plus ou moins en orbite autour des cinq personnages principaux : Pénélope Tyler, la mère de Purity, ainsi que cette dernière, Andreas Wolf, puis Tom Aberant et Leila Helou, journalistes tous les deux. On assiste donc à la genèse de chacun d'eux, on gravite autour de leurs histoires de famille, de leurs relations amoureuses qui ont été pour la plupart des échecs monumentaux. Enfances perturbées, relations abusives, résignation, quête du père et amour destructeur de la mère, morts violentes, et tout plein de comportements qui auraient donné une érection à S. Freud. 

Et la pureté, dans tout ça ? La transparence ? Piétinées, saccagées, exagérées, remodelées, souillées, rêvées... Écartelées entre le besoin de tout savoir des autres et la nécessité de protéger, brouillées par des secrets si lourds qu'ils tuent à petit feu... Dans un fleuve de viande, ensanglantée.
L'inconvénient des e-mails était qu'on ne pouvait les effacer qu'une fois : on ne pouvait pas les rouler en boule, les jeter par terre, sauter dessus, les déchirer en lambeaux et les brûler. Existait-il rien de plus cruel, de la part de la personne qui vous avait rejeté, que la patience compatissante ?
J'avais tenté de lire Freedom sans aller plus loin que les quelques premières pages, et j'ai décidé de donner à celui-ci toute mon attention, cherchant les oiseaux rares et humant les parfums si nombreux. J'en ai aimé quelques détours et ai été appâtée, sûrement, comme les autres, par la vérité. Mais au final, et même après les huit cent et quelques pages, je ne me suis pas sentie rassasiée, et je dirai même que tout était un peu trop ou pas assez - non que ce ne soit pas intéressant, mais plutôt comme si chaque personnage avait semblé, malgré toute la profondeur des drames qui leur sont tombés dessus, relativement creux, sans but, sans passion, avec juste l'impression d'être sales (ce qui est le propos, donc). Le Sunlight Project, prétexte survolé à un livre qui ressemble plus à un album de famille torturée, aurait mérité plus d'approfondissement et plus d'engagement. Enfin, quoiqu'il en soit, le livre, divisé en peu de chapitres, se lit effectivement plutôt vite et ne laisse que peu de répit si, comme moi, vous n'aimez pas les lire à moitié.

par Mrs.Krobb

Purity de Jonathan Franzen
Littérature américaine (traduction par Olivier Deparis)
Points, juin 2017

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